Le jardin d'asphodèles
Le jardin d'asphodèles
Le sentier se réchauffe au soleil,
Ce matin de torpeur insolente.
Sous mes pas à l’allure indolente,
Comme l’âtre, il crépite au réveil.
Semblant monter aux cieux ses deux ailes,
Comme un ange à l’envol, le portail,
Peint d’un bleu d’azurite et d’émail,
Est garni d’un ruban d’asphodèles.
C’est un jardin sauvage, aux senteurs
De jasmin, chèvrefeuille et de rose,
Inséminant le vent dans la prose
D’une brise aux parfums enchanteurs.
Sous la glycine mauve, entrouverte,
La porte invite au seuil du salon
Où la cire, en onguent de miel blond,
Anoblit le buffet, la desserte.
C’est un fil de lumière à travers
Les volets, un rayon de la lune,
Une auréole d’or opportune,
Qui dit à mon regard vos yeux verts.
La maison respirant la tendresse
Et les vœux des amours d’autrefois,
Rend l’écho des promesses de fois
Éclatant aujourd’hui de sagesse
M’accueillant d’un léger baisemain,
Le sourire à vos lèvres me charme,
Une larme à vos yeux me désarme ;
« Restez-vous ?
– Pas encore…
– Et demain ? »