La robe d'organdi
La robe d’organdi
Le jour se déclinait en ombres endormies,
Le jardin ressemblait aux toiles de Renoir.
J’ai sorti du placard mes bottines vernies,
Mon écharpe de soie et mon sac à main noir.
Dans la tiédeur du vent, le soir venait, paisible,
La café sentait bon le pur arabica
Dans la tasse en Gien bleu, mais oui, c’était risible,
Qui ne sortait jamais du meuble en formica.
J’ai fermé les volets du salon, de la chambre,
La ville somnolait dans les bras d’un ciel clair
Comme il en est souvent à l’heure de septembre.
J’ai verrouillé la porte et senti le bon air.
Sur ma couette en boutis, j’ai déposé ma robe
D’organdi, puis mes bas au moiré de satin,
Mes plus jolis dessous, neufs et blanc pur, qu’enrobe
Dans un carton doré, un papier d’argent fin.
J’ai lissé mes cheveux à l’onde précieuse
D’un flacon « dix-neuf-cent », gardé dans un tiroir,
J’ai parfumé ma peau d’une eau délicieuse :
Chanel numéro cinq. Devant mon grand miroir,
J’ai glissé sous ma robe un jupon de dentelle,
Et mes bas de satin, mes dessous virginaux.
J’ai fini mon café… Ils me trouveront belle
Sur mes draps brodés, froide, aux clochers matinaux.
Hélène