L'adagio de l'hiver
L'adagio de l'hiver
Sur les petits matins paresseux
Le ciel gris pleure en larmes de givre,
A l'hiver frileux
Mon âme s’enivre.
De glaçons froids comme des miroirs
Décembre est revêtu d'aubes blanches,
S'étirent aux soirs
Les pâles dimanches.
J'ai laissé dans l'arrière saison
La douleur et le bruit de mes chaînes,
Mon triste horizon,
L'écho de mes haines.
Noël annonce l'heure du glas,
Oraison d'une lente agonie,
L'automne est bien las
De longs mois de vie.
A l'aplomb des falaises sans fond
Le fruit de ma rancœur, aux ravines
S'abîme en haillon,
Aux parois d'épines.
Durcissant et gelant sous mon pied,
Le chemin dans la neige est de glace,
Morts embruns d'été
Que brouillard remplace.
L'an passé s'en finit, seul et veuf,
Quand vient ce nouveau-né qui babille,
Janvier de l'an neuf,
S'ouvre ma coquille.