Nous le verrons ensemble (sonnet quinzain)
Nous le verrons ensemble
Là-bas, sur l’horizon que chahute l’aurore
De sa pudeur rosie à l’ambre du levant,
Ton regard s’ouvrira sur le monde vivant
De ce vaste univers où je viens naître encore.
Il n’est pas de silence et rien n’est incolore,
Du haut des grands rochers, les eaux se soulevant
Sont tels des draps roulés sur du sable mouvant
Par les doigts d’une fée, au son d’une mandore.
Tu sauras la caresse, en longeant les chemins,
Des embruns amoureux des genêts et jasmins
Que les vents de noroît retroussent de leur bise.
Les oiseaux, bien souvent, ont pour seul univers
Ce lit brodé d’écume et volent à l’envers,
Riant du cormoran tout nu sur la balise.
Tu veux voir l’océan ? Viens ! Mais prends ta valise.
Hélène
Le sonnet quinzain
Albert Samain (1855-1900), poète symboliste a écrit des sonnets dits « sonnets quinzains » dans lesquels il rajoute un quinzième vers, typographiquement détaché de ce qui précède. Ce quinzième vers, dit « vers médaillé », rime avec l'un des derniers vers du tercet final.
(source wikiki)