La dernière pose (muzain polaire à médaillon)
La dernière pose
Un rai de lune oblique à l’ajour des volets
Rehausse la pâleur du papier de la chambre
Où la fine clarté de l’aube qui se cambre
Agite la poussière en petits feux follets.
Muette jusqu’alors, sa porte au jour déclose,
L’armoire gémissante accuse les curieux*
D’impudiques regards sur la dot des aïeux.
Dans le miroir, témoin d’une dernière pose,
Personne ne vient plus, même le soleil n’ose
Étirer ses longs doigts sur le tain sans reflets.
Sur des mots murmurés comme une étrange glose,
L’épitaphe abrégée emmène dans les cieux
Les souvenirs lointains des cris d’enfants joyeux.
Tel le disque rayé d’une chanson morose,
Le carillon égraine encore un peu sa prose
Qu’un automate joue en d’étonnants ballets.
Dans les draps de lin blanc brodés d’elfes replets,
Comme un nuage flou, ses cheveux couleur d’ambre
Auréolent son front aussi froid que décembre
Et coulent de la taie en de fins ruisselets.
Un ange a déposé, sur son cœur, une rose.
Hélène