Au bout du pont suspendu à la falaise
Au bout du pont suspendu à la falaise
Sous les embruns argentés du crépuscule
Les reflets changeants de la mer turquoise
Murmurent aux bruyères des notes libellule
Guidant mon chemin, parfumé d’armoise
Au détour du sentier, une curieuse impression
Mit mon cœur en émoi, ralentit mon pas cadencé
Quand m’apparut cette incroyable vision
Nues, à peine voilées de lierre, ces pierres du passé
Sur le pont de corde suspendu à la falaise
J’ai posé, hésitante, un pied mal assuré
L’appel de l’horizon dissipait mon malaise
Le vent berçait le cordage et mon corps enivré
La bruyère frissonnait sa dentelle chlorophylle
Offrant à la stèle ses corolles indécentes
Le genêt épousait alangui son péristyle
Le Manoir, endormi, me submergea d’émotions violentes
De la pierre fendue qui m’aveuglait, en guise de reposoir
Le Condor, sur la tour, garde mon secret sous ses plumes d’ébène
Dans un écrin, j’ai déposé quelques cendres d’espoir
D’une envolée magnifique, le Phénix l’emporta vers mon Eden.