Les draps froissés
Les draps froissés
Un lointain messager, par la voix de Neptune,
Vint à dire alentour que mon corps était froid,
Mon discours bien trop fade et mon cœur à l’étroit ;
L’aveugle et sourd ignore encore ma fortune
D’entendre Cupidon m’appeler de la hune !
Venu de l’orient, de son souffle fatal
Le vent brûlant m’embrasse et me vole un sourire
En jouant des accords que j’aimerais écrire :
À la harpe Apollon dans un long récital
Orchestre une harmonie au Grand Bleu de cristal
Je glisse alors mon ombre au fusain de ton ombre
Étendue au couchant d’Hélios plein d’ardeur ;
Tu frôles doucement ma robe de pudeur
Que seuls tes doigts savants, dans un pli de pénombre,
Osent déboutonner avant que je ne sombre.
Plus tard sur l’horizon s’éloignent crescendo
Les notes d’un poème aux rimes inconnues,
L’unique et l’interdit concert de nos peaux nues
Où dans un tourbillon de La, de Si, de Do,
Le creux des draps froissés devient Eldorado.
Hélène